Resolution Generale du Congrès

XXe Congrès de l'Internationale Socialiste, New York, 9-11 septembre 1996

Introduction

Le XXe Congrès de l'Internationale Socialiste, qui se tient au siège des Nations unies, est consacré à relever les défis mondiaux d'aujourd'hui par une plus grande coopération. Depuis notre dernier Congrès, qui a eu lieu à Berlin il y a quatre ans, où nous avons entrepris de soutenir la révolution démocratique et de faire en sorte que ses avantages soient accordés à tous, il est clair qu'aujourd'hui plus que jamais, la réalisation de la paix, de la démocratie et du développement demandent un effort international.

Le monde évolue rapidement et devient de plus en plus interdépendant. Nous devons donc trouver de nouvelles manières de vivre qui soient durables sur le plan social, économique et environnemental, tant dans nos propres pays quà l'échelon mondial. C'est seulement en renforçant son sens de la responsabilité commune et de la solidarité que l'humanité pourra survivre et réaliser son potentiel.

Il est évident que pour atteindre le but d'une coopération internationale plus grande, il faut que les Nations unies jouent un rôle central. Depuis Berlin, l'Internationale Socialiste a donc intensifié son soutien des Nations unies et ses rapports avec elles. La convergence de notre Internationale et des Nations unies, qui repose sur les objectifs partagés de paix, de démocratie et de développement durable et sur des activités et efforts de coopération, rend encore plus approprié le fait que notre Congrès ait lieu à New York.

L'Internationale Socialiste, qui a des partis membres dans presque tous les pays, sur tous les continents, et des comités régionaux et thématiques actifs dans le monde entier, favorise une meilleure compréhension et une coopération plus grande entre les nations qui font face à des problèmes mondiaux communs. La vision de l'Internationale Socialiste et notre adhésion à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme orientent et donnent forme à notre action, comme en témoignent les sections de la résolution du Congrès qui font suite.

De plus, nos idéaux de liberté, justice et solidarité, qui ont placé l'Internationale Socialiste au premier rang dans le triomphe de l'idée de démocratie, sont plus cruciaux que jamais car ils relient tous les secteurs de sociétés de plus en plus complexes. La solidarité social-démocrate repose sur un engagement partagé aux principes fondamentaux réaffirmés et redéfinis au Congrès de Stockholm, en 1989. Elle tire sa force de la diversité, au sein des nations comme entre elles.

La démocratie telle que nous la définissons, avec des droits politiques, la justice sociale et l'égalité des opportunités économiques, est la seule forme de démocratie qui durera. S'il est vrai que les mécanismes du marché sont nécessaires pour la croissance économique et le développement, il est aussi vrai que l'économie de marché ne garantit pas la justice. Le socialisme démocratique reconnaît donc que l'Etat est le serviteur nécessaire du peuple en garantissant une société juste et équitable et qu'il constitue un agent crucial pour la démocratisation de l'évolution économique à une époque de mondialisation. La préservation des droits, et la réconciliation des droits des personnes avec les droits collectifs des travailleurs, des femmes, des jeunes, des groupes ethniques et des communautés autochtones, dépendent du partage de la responsabilité entre les gouvernements et les citoyens.

L'Internationale Socialiste reste une des voix principales à affirmer le lien entre le désarmement et le développement. Pour parvenir à une utilisation plus constructive et plus équitable des ressources mondiales, il faut réaliser la paix internationale. Les Nations unies doivent donc recevoir un soutien sans réserve dans leurs efforts pour résoudre les conflits régionaux et civils, pour promouvoir des réductions des armements nucléaires et conventionnels, y compris l'interdiction proposée concernant l'utilisation, la production et le stockage des mines terrestres, et pour négocier un traité interdisant à jamais les essais d'armes nucléaires.

Nous avons, en tant que socialistes démocratiques, confiance dans notre manière d'aborder les tâches urgentes qui nous attendent. Nos engagements, pris de longue date, en faveur de la liberté et des droits fondamentaux et de la justice, de la paix et du bien-être des humains, nous ont donné, par le passé, la force de surmonter les obstacles. Aujourd'hui, la promesse d'une démocratie durable et les aspirations de tous vers une vie meilleure dépendent d'une solidarité inébranlable et d'une coopération internationale plus grande entre les nations pour établir un système efficace de responsabilité et de sécurité mondiales. L'Internationale Socialiste, avec sa longue tradition de coopération et de solidarité internationale, et avec sa détermination et son initiative renouvelées, s'engage à rester au premier rang pour réaliser un monde plus sûr et plus démocratique.

 

AFRIQUE

I. Renforcer le processus démocratique

Compte-tenu du processus de démocratisation en cours sur le continent, et devant l'urgence de relever les multiples besoins de l'Afrique notamment celui de son propre développement, l'IS affirme son attachement, non seulement au respect des droits de la personne mais, plus spécialement pour le continent, à l'élargissement aux droits économiques et sociaux, bref au droit au développement - droit à l'éducation, à la santé, à l'emploi et au bien-être social.

L'IS prend acte et se réjouit des avancées démocratiques qui, aujourd'hui, modifient en profondeur le paysage politique et institutionnel en Afrique, sous la poussée des forces progressistes: partis politiques, syndicats, et société civile.

Ce phénomène de démocratisation, d'une grande signification historique, doit être apprécié à sa juste valeur. Les forces démocratiques africaines concernées et impliquées, doivent être appuyées et soutenues, faute de quoi, ce processus de démocratisation en cours risque d'être fragilisé, d'autant plus qu'il connaît, çà et là, des dérives ou des remises en cause inquiétantes.

L'IS s'engage à oeuvrer au renforcement de la culture démocratique, notamment en intensifiant son action d'observateur des processus électoraux et en soutenant les forces socialistes et social-démocrates, dans leur travail d'implantation, de formation et de restructuration.

Parmi ces forces, les mouvements des femmes doivent occuper une place centrale, à côté des mouvements des travailleurs et des jeunes.

Elle invite les forces politiques à accepter démocratiquement les résultats issus d'élections transparentes et régulières.

Le renforcement de la culture démocratique s'analyse ainsi, comme le meilleur garant, pour l'épanouissement de la démocratie en Afrique où il existe toujours des résistances inquiétantes à la démocratisation; celles-ci s'illustrant par des processus électoraux inéquitables et non transparents, par des coups d'Etats militaires, par la montée de courants extrémistes ou de dérives ethniques, autant de menaces remettant en cause des légalités constitutionnelles, démocratiquement établies.

L'IS constate que de telles dérives - régressions imposées par la force - veulent dire que les populations doivent lutter au jour le jour pour survivre. C'est pourquoi l'IS doit prêter une attention particulière pour les soutenir.

L'IS appelle, avec fermeté, à l'établissement de la démocratie dans les pays tels que le Nigéria, la Guinée Equatoriale et le Zaïre.

Il est urgent, plus que jamais, non seulement de renforcer les acquis démocratiques sur le plan institutionnel mais de promouvoir une réelle démocratie sociale et économique. Faute de quoi, la paix et la sécurité ne sauraient être garanties.

 

II. Paix et sécurité

Après avoir souligné, à nouveau, l'importance de la paix et de la sécurité pour le succès des actions de développement, l'IS exprime sa vive préoccupation, devant la persistance en Afrique de nombreux foyers de tension, comme par exemple au Rwanda, au Burundi, au Libéria et en Somalie.

A ce propos, l'IS se félicite des initiatives prises par les pays africains, pour éteindre ces foyers de tension et pour promouvoir la diplomatie préventive, à travers le mécanisme de prévention, de gestion et de réglement des conflits créé par l'OUA et conformément au droit international et aux résolutions des Nations unies.

Elle incite l'ensemble de la communauté internationale, à apporter tout son appui à ces efforts destinés au maintien de la paix en Afrique et, par cela, la préservation de la sécurité internationale.

Dans le même esprit, l'IS encourage les pays africains à continuer de promouvoir une politique de paix, en s'appuyant sur leur culture et permettant aux femmes de remplir leur rôle dans cet effort.

A cet égard, l'IS engage tous ses membres et, en particulier, les partis politiques africains, à assumer le rôle de premier plan qui leur revient.

 

III. Assurer le développement

L'Afrique est de plus en plus intégrée dans ce que l'on appelle la logique de globalisation, marquée par une montée sans précédent de l'ultra-libéralisme et un rôle de plus en plus important joué par les institutions financières internationales, surtout après la disloquation du bloc communiste.

La mise en oeuvre de ces forces, dans un contexte économique mondial bouleversé, est en train de modifier en profondeur les structures économiques et sociales des pays africains.

Ces nouvelles structures ainsi imposées par les impératifs de la libéralisation et par les institutions de Bretton Woods, ont pour conséquence, l'approfondissement et l'élargissement de la paupérisation des populations africaines. Des politiques d'ajustement structurel sont imposées, sans l'accompagnement de correctifs sociaux que le mouvement social-démocrate a pu heureusement imposer, dans la plupart des pays industrialisés où les rigueurs de l'économie de marché ont été tempérées par l'introduction de lois sociales qui ont contribué au développement et à la stabilisation de la démocratie politique.

Afin de permettre à l'Afrique de connaître une transition sans heurt et sans violence, vers l'instauration d'un nouvel ordre démocratique, adapté à ses réalités propres, il est impératif de construire un système international de relations économiques et commerciales plus justes.

Un tel système doit être fondé sur le respect d'une plus grande justice sociale; il doit permettre un accès égal au marché mondial, à tous les pays industrialisés comme en voie de développement, en évitant de se fonder sur les seules règles de la compétitivité.

Dans ce sens, le nouveau système facilitera l'intégration des économies africaines au marché mondial.

Compte-tenu de la responsabilité spécifique de l'Union européenne vis-à-vis de l'Afrique, l'IS demande que l'Europe ne devienne pas une forteresse tournée exclusivement vers sa propre prospérité mais reste une Europe ouverte, notamment dans ses relations avec ses partenaires et associés africains.

A cette fin, l'IS demande que soient inscrits dans le traité de l'Union européenne, les principes essentiels suivants:

1. Le principe d'égalité de partenariat et de concertation (à inscrire dans le titre XVII du traité de l'Union);

2. Une meilleure cohérence dans les politiques et les interventions de l'Union européenne notamment dans les domaines du commerce, de l'agriculture, de l'industrie et de la pêche;

3. Un engagement concret en faveur d'une coopération économique et commerciale équitable, soucieuse de respecter tous les droits de la personne, y compris le droit au développement.

L'IS lance le même appel aux autres pays industrialisés et se félicite des initiatives déjà prises et en particulier, de l'initiative spéciale des Nations unies pour l'Afrique.

L'IS forme le voeu que ces initiatives contribuent effectivement au développement harmonieux et durable des pays africains.

A cet égard, l'IS encourage les pays africains à poursuivre et à renforcer leurs efforts par une meilleure solidarité, et à travers la promotion de l'intégration économique continentale, régionale et sous-régionale.

L'IS constate avec inquiétude le manque de progrès accomplis dans la résolution du conflit régnant au Sahara occidental, qui constitue un obstacle à l'avènement de la paix et à l'amélioration de la situation politique, sociale et économique au Maghreb. Le retrait partiel de MINURSO est un développement regrettable qui rend plus probable le renouvellement des hostilités. Nous devons demander que les parties concernées se conforment pleinement aux résolutions des Nations unies et fassent un nouvel effort pour établir des mécanismes stables et permanents de négociation permettant de résoudre le conflit, avec un soutien renouvelé de la communauté internationale.

 

 

L'ASIE ET LE PACIFIQUE

 

L'Asie-Pacifique est la région la plus dynamique du monde. Autrefois surnommée "l'Asie en sommeil", c'est aujourd'hui "l'Asie prospère". La croissance des pays en développement asiatiques atteint le double de la moyenne mondiale. Alors qu'autrefois, c'était aussi "l'Asie morcelée", tant sur le plan de la sécurité que de l'économie, c'est aujourd'hui "l'Asie intégrée". Sur le plan de l'économie, l'APEC stimule le processus de réforme et d'intégration économiques, tandis que sur le plan de la sécurité, le Forum régional de l'Asean (ARF) favorise avec succès un dialogue sur la sécurité régionale.

Mais l'Asie est aussi une région de contradictions. La croissance économique rapide, qui profite indubitablement à certains pays de la région, est à l'origine aussi des problèmes tels que la destruction de l'environnement, une crise énergétique et une pénurie de denrées alimentaires. La croissance de la population, qui va se poursuivre au même rythme rapide au XXIème siècle, doublée de la destruction de l'environnement, de la crise énergétique et de la pénurie de denrées alimentaires risquent de menacer sérieusement la sécurité de la région. Il est encourageant de voir la démocratie prospérer surtout dans les économies nouvellement industrialisées, mais de nombreuses parties de la région restent soumises à un pouvoir autoritaire.

La paix est plus que l'absence de guerre. Tout comme la guerre, la pauvreté, la famine, la destruction de l'environnement et les violations des droits de la personne mettent en danger la vie des êtres humains, les privent de leurs moyens d'existence, portent atteinte à la dignité humaine et au pire, entraînent la mort. La force de dissuasion et la diplomatie ne sont donc pas les seuls moyens de garantir la paix. La promotion du développement social, l'élimination de la pauvreté, la protection des droits de la personne et la préservation de l'environnement mondial doivent être considerées en priorité dans les efforts pour assurer la paix.

Dans ce contexte, les sociaux-démocrates et les socialistes de l'Asie-Pacifique doivent adopter à l'égard de ces problèmes régionaux une démarche multilatérale plutôt qu'unilatérale, et globale plutôt qu'axée sur des problèmes individuels.

 

La sécurité et le désarmement

La priorité, quant à la sécurité régionale et le désarmement, consiste à mettre fin aux essais nucléaires. Le gouvernement conservateur français a executé six essais nucléaires avant d'annoncer en janvier 1996 qu'il n'en ferait pas d'autres. Quant à la Chine, elle a récemment executé un essai nucléaire et elle a fait savoir qu'un autre allait être exécuté avant le mois de septembre. Du point de vue du désarmement nucléaire et de la protection de l'environnement, nous nous opposons fermement à ce que nos terres et nos océans servent pour les essais nucléaires. Nous exigeons que Beijing s'abstienne de faire d'autres essais nucléaires. Nous exhortons à rédoubler les efforts pour atteindre un Traité d'interdiction complète des essais (CTBT). A l'aube du XXIème siècle, le mouvement décisif vers l'élimination totale des armes nucléaires, dans des délais spécifiés, devient plus important que jamais pour la paix et la sécurité internationales.

La limitation des armes conventionnelles est aussi une question importante. Ainsi, en ce qui concerne la révision du protocole sur l'utilisation des mines, des efforts doivent être faits pour l'interdiction, à l'avenir, de la production, du stockage, de l'utilisation et du transfert des mines. Nous appelons par ailleurs tous les gouvernements de la région à cesser volontairement leur utilisation en attendant qu'un accord international soit conclu pour les interdire.

Un autre problème important auquel doit faire face cette région est celui du contrôle de la course aux armements. De nombreux pays en développement asiatiques connaissent, outre une expansion sur le plan de l'économie, une expansion militaire. Nous ne pensons pas que les armes accumulées actuellement posent un problème immédiat pour la stabilité de la région, mais si la course aux armements n'est pas contrôlée comme il convient, elle pourrait aboutir à des conflits armés. Pour résoudre ce problème, nous recommandons que tous les pays de la région accèdent au système d'enregistrement des armements de l'ONU, qui doit être augmenté.

Comme en Europe, de nouvelles structures régionales de sécurité se développent en Asie-Pacifique. Parmi elles, l'ARF est une structure de base, qui devrait jouer un rôle central dans la formulation de mesures visant à créer un climat de confiance.

 

Développement durable

L'APEC a été louée pour son "régionalisme ouvert" et pour ses efforts de libéralisation progressive. Mais la politique de libéralisation des échanges ne suffit pas à elle seule à résoudre des questions comme la croissance de la population, la pénurie des denrées alimentaires, la destruction de l'environnement et les crises énergétiques.

Le choix ne devrait pas être entre une pauvreté absolue et une croissance économique débridée. Ce que nous voulons c'est une communauté durable sur le plan social et environnemental, permettant que les richesses croissantes soient distribuées comme il convient et que les êtres humains vivent en harmonie avec la nature.

Nous invitons donc les pays de cette région à partager notre perception des questions fondamentales pour la sécurité, à savoir la destruction de l'environnement, la crise énergétique, la croissance de la population et la pénurie de denrées alimentaires, et à lancer une initiative inter-régionale visant à encourager des efforts conjoints en faveur de notre objectif commun du développement durable.

Démocratie et droits de la personne humaine

Sociaux-démocrates et socialistes de la région Asie-Pacifique déclarent solennellement que les droits de la personne humaine ont une valeur universelle. Nous respectons la diversité culturelle, mais pas les sacrifices des droits de la personne humaine. Déjà, en Europe, dans les Amériques et en Afrique, des mécanismes régionaux ont été mis en place pour protéger ces droits. Toutefois, sur ce continent, qui est le plus étendu de tous, il n'y a pas encore possibilité de créer une institution semblable pour les droits de la personne humaine. Tous les efforts doivent être faits pour établir un mécanisme de ce type dans la région Asie-Pacifique.

En Birmanie, comme le prouve l'arrestation récente de députés du NLD, des violations flagrantes des droits de la personne humaine continuent de se produire sous le régime militaire. Nous exigeons que les personnes arrêtées soient libérées immédiatement et que l'on respecte le résultat des dernières élections.

En outre, les viols de femmes birmanes commis couramment par des soldats du SLORC ainsi que l'utilisation cynique que le SLORC fait du viol comme instrument de sa campagne de soumission et d'oppression de la population civile, constituent une violation flagrante des droits de la personne humaine et doivent cesser.

Les Nations unies, les gouvernements et les organisations humanitaires doivent faire tout leur possible pour empêcher le trafic des femmes birmanes en Thaïlande.

L'Internationale Socialiste invite le Secrétaire-Général des Nations unies à mettre en oeuvre la résolution adoptée par l'Assemblée Générale destinée à trouver une solution pacifique en Birmanie. L'IS invite aussi les gouvernements du Japon, de l'ASEAN et d'autres pays à appuyer les efforts d'Aung San Suu Kyi à promouvoir la réconciliation nationale en Birmanie.

Les institutions financières internationales et les gouvernements doivent s'abstenir de renouveler leurs programmes d'aide au développement jusquà ce que le SLORC commence un dialogue avec Aung San Suu Kyi.

L'Internationale Socialiste réitère son intention, d'abord manifestée pendant la réunion du Comité Asie-Pacifique à Manille au mois de février 1995, de continuer ses efforts à réaliser sa mission de visiter ce pays, dont l'entrée a été refusée par les authorités birmanes.

Il faut aussi s'intéresser à la situation qui règne au Timor Oriental. Vu l'oppression que continue d'exercer l'armée indonésienne et le massacre de Dili, il nous faut intensifier les efforts pour soutenir les habitants du Timor dans leur lutte pour l'auto-détermination.

La situation des droits de la personne humaine au Bhoutan et au Tibet reste grave et nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple de ces régions qui lutte pour la démocratie.

En ce que concerne la Chine, le régime autoritaire existe toujours, mais ses politiques ouvertes et réformistes semblent continuer. En surveillant l'attitude de Beijing envers les droits de la personne humaine, nous devons l'aider à poursuivre ses politiques ouvertes et réformistes.

La péninsule coréenne reste instable. On affirme que sous l'effet des inondations qui se sont produites l'année dernière et des pénuries de denrées qui leur ont fait suite, la Corée du Nord réussit à peine à survivre. Pour atténuer cette situation, le gouvernement de Pyongyang accepte désormais une aide de l'étranger. Tout en augmentant cette aide humanitaire, nous devons l'encourager à accepter l'idée d'une réunion quadripartite, et l'intégrer progressivement dans la communauté internationale.

En ce qui concerne Fidji, les violations flagrantes des droits de la personne humaine et des droits syndicaux sont une cause importante d'inquiétude pour l'Internationale Socialiste. La constitution de Fidji, lourde de parti pris racial, a marginalisé les habitants d'origine indo-fidjienne et les a relégués au rang de citoyens de troisième classe dans le pays de leur naissance. La communauté indo-fidjienne qui est la principale victime de la constitution se voit nier l'égalité d'accès à l'éducation, à l'administration et à la protection sociale, bien qu'elle paie 80 pour cent des impôts nationaux.

L'IS suivra avec attention les mesures politiques qui seront prises concernant les conclusions du rapport de la Commission de revue constitutionnelle et appelle le gouvernement en place à accepter et à mettre en oeuvre ses conclusions qui remettraient Fidji sur la voie d'élections démocratiques, vers une société juste et équitable.

 

Les droits de la femme dans la région Asie-Pacifique

L'Asie, et spécifiquement Beijing, a accueilli la quatrième conférence mondiale de l'ONU sur les femmes, la plus grande réunion jamais organisée par l'ONU. Pourtant, dans la plupart de la région Asie-Pacifique les femmes restent dans l'ensemble plus à l'écart de tous les aspects de la vie que leurs soeurs du monde développé.

Les questions de sécurité, de durabilité, de démocratie et de droits de la personne humaine touchent les hommes et les femmes différemment. Dans ce contexte, il est urgent que les sociaux-démocrates de la région examinent avec attention la situation des femmes et fassent plus d'effort pour assurer leur participation aux débats et actions concernant ces questions.

 

EUROPE

L'ensemble des transformations qui ont complètement changé notre planète depuis l'automne 1989, a supposé la cessation définitive de l'ère de la confrontation entre les blocs et a engendré alors de nouveaux défis.

Le Mur de Berlin est tombé, le bloc soviétique s'est écroulé, les pays de l'Europe centrale ont trouvé leur voie, parfois contradictoire, jusqu'à la démocratie. L'Europe est sortie d'une ère d'opprobre et a pu enfin se consacrer à sa construction pleine et complète. Mais des problèmes sérieux demeurent.

Pour la première fois depuis plus de quarante ans, l'Europe a connu de nouveau la guerre, sans qu'elle ait été capable de trouver une solution au conflit. Le phénomène de nationalisme exacerbé est apparu de nouveau, ce qui a réduit la stabilité politique du continent. Nos sociétés subissent de graves problèmes structurels qui se reflètent dans des taux de chômage inadmissibles.

Les Etats ne peuvent pas répondre isolément à ces nouveaux problèmes. L'option des socialistes européens qui travaillent conjointement au sein du Parti des Socialistes Européens, PSE, passe par des réponses de dimension européenne aux nouvelles situations. De plus, l'IS considère que l'Union européenne représente non seulement une opportunité mais a aussi une responsabilité en ce qui concerne l'assurance de la paix, du bien-être et de la justice sociale, d'autant plus que les socialistes sont la famille politique la plus importante de l'Union européenne. Nous pouvons donc affirmer sans risque de nous tromper que nous représentons l'unique force politique capable d'offrir une solution combinée aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux.

Dans le cadre de l'Europe, l'action des socialistes a comme objectifs:

- Travail et prospérité: une société en pleine activité, efficace et sûre, sans chômage ni pauvreté;

- De créer un programme équilibré de développement économique, social et écologiquement solide qui protège l'environnement et qui encourage une meilleure qualité de vie;

- Avance dans l'approfondissement, la réforme et l'élargissement de l'Union européenne. Lors de la Conférence Intergouvernementale en cours, l'IS et le PSE soutiennent que la réforme institutionnelle de l'Union doit être basée sur trois objectifs: instaurer un processus de prise de décisions efficace, en élargissant de manière significative le champ d'application du vote pour la majorité qualifiée; doter la politique européenne de plus de transparence et d'une meilleure ouverture, et garantir que les décisions soient adoptées au niveau approprié; et enfin, introduire plus de démocratie dans le fonctionnement institutionnel, en augmentant les pouvoirs du Parlement européen et en renforçant la participation des parlements nationaux;

- Développer une politique extérieure et de sécurité commune, en tant que contribution à la paix et au développement dans le monde;

- Créer une société ouverte, disposée à se montrer solidaire avec le reste de la planète;

- Egalité totale des opportunités entre les femmes et les hommes;

- Solidarité entre les personnes, les générations et les pays.

L'emploi a été et sera toujours l'axe de l'action des socialistes européens. Les politiques de croissance économique, génératrices de postes de travail et soutenables par rapport à l'environnement constituent le principal défi économique et social auquel sont confrontés les responsables politiques. Le chômage massif conditionne défavorablement l'avenir de nos sociétés.

En décembre 1993, le PSE a lancé un programme d'action ambitieux, L'Initiative Européenne pour l'Emploi qui contient les éléments clés d'une politique économique destinée à générer l'emploi. Dans l'optique du prochain congrès du PSE - qui sera le troisième et qui se tiendra au printemps prochain à Malmö - Jacques Delors dirige les travaux sur un nouveau modèle de développement, qui donnent une continuité au travail de l'Initiative Européenne pour l'Emploi.

Nous pensons qu'il existe des possibilités qui ne sont pas utilisées pour donner une impulsion à une politique économique active et concertée au niveau européen. Il est possible de libérer d'énormes potentialités de croissance dépassant les limites des économies nationales et utilisant les possibilités réelles de l'économie commune européenne. L'initiative concertée de politiques macro-économiques à l'échelle européenne peut garantir une croissance stable et soutenue et une tendance maintenue pour la création d'emplois.

L'investissement et l'emploi dans le secteur privé représentent un objectif prioritaire, qui doit être renforcé par le biais de l'investissement public dans la recherche et le développement, l'infrastructure, l'habitation et la gestion environnementale, afin de garantir des niveaux adéquats de compétitivité à long terme. Investir dans l'éducation et la formation doit être également un objectif prioritaire.

Les socialistes européens travaillent pour obtenir un nouveau contrat social en Europe, entre les syndicats et les entreprises, sous l'impulsion des pouvoirs publics, qui créera un nouvel équilibre positif entre les garanties de sécurité et la nécessité de changement. La réorganisation du travail existant peut et doit être atteinte au moyen de mesures négociées, qui sauvegardent la compétitivité et comportent une réduction de la journée de travail afin de mieux répartir le travail existant.

Une autre voie à suivre pour favoriser au maximum la création d'emplois serait l'utilisation de l'important potentiel des nouvelles activités liées au secteur des services, ainsi que l'impulsion donnée au secteur de l'économie sociale et des initiatives locales.

La priorité politique de l'emploi n'empêche pas les socialistes européens d'affirmer leur engagement en faveur de l'Union Economique et Monétaire (UEM), comme complément important du marché intérieur et comme une façon de s'assurer que les pays dont les monnaies s'intègrent dans la monnaie unique, suivent le calendrier et les critères de convergence. La troisième phase de l'UEM doit démarrer avec la participation du plus grand nombre possible d'Etats membres. La mise en pratique de l'Union Monétaire devra s'accompagner d'une meilleure coordination des politiques économiques, budgétaires, fiscales, de l'emploi et sociales, en vue d'obtenir la compatibilité sociale de l'UEM et d'assurer le maintien des critères de convergence sur des bases économiques saines. En tout cas, il faudra promouvoir des relations économiques et sociales solides entre les Etats qui s'intègrent dans l'Union Monétaire et ceux qui ne le font pas.

Les socialistes européens travaillent activement afin de doter l'Union européenne d'une capacité authentique d'affirmation sur la scène internationale, à travers la politique extérieure et de sécurité commune. Une Union européenne pourvue des instruments nécessaires et appropriés de politique extérieure et de sécurité aurait été plus efficace et plus libre pour agir avec énergie dès le début face aux conflits de l'ancienne Yougoslavie.

L'IS et le PSE maintiennent que, pour des raisons de solidarité, l'Europe a la charge d'une politique de coopération active dans son entourage immédiat et jusqu'au monde moins développé qui contribue à réduire les inégalités entre le Nord et le Sud. Pour cela, il faut maintenir au même niveau l'aide aux pays de la Convention de Lomé.

Les socialistes démocratiques dans l'UE avisent à promouvoir, tant au sein de l'Union que dans les autres pays, la défense des droits de la personne humaine et le respect de la démocratie et de l'état de droit, tout cela en coopération avec les partis frères des pays extra-communautaires. A la différence des forces politiques conservatrices, nous considérons que les droits sociaux et économiques font partie intégrante des droits de la personne humaine.

Les socialistes européens déploient une activité continue pour que l'Union européenne renforce le développement des pays de l'Europe centrale et orientale qui leur ouvrira le chemin européen. Les nouvelles démocraties sont en pleine période de réformes et ont besoin d'aide pour leur reconstruction, d'un accès aux marchés de l'Union européenne et de perspectives claires pour leur totale intégration. Nous défendons également la création d'un espace d'association et de coopération, dans tous les domaines, avec les pays du bassin méditerranéen, et nous appuyons les efforts qui permettent d'assurer le succès du processus de paix au Moyen-Orient.

En matière d'environnement, le PSE a élaboré des programmes d'action soutenus pour l'établissement d'un modèle innovant de développement qui lie la gestion de l'environnement et la création d'emplois. L'Union européenne doit exercer un leadership mondial en matière de protection de l'environnement. Il faut mettre en pratique, dans la ligne ouverte par la Conférence de Rio, les accords sur l'environnement qui engagent sur le plan légal avec des priorités claires concernant le climat, la protection de la forêt, la désertification, la bio-diversité, et les résidus.

Nous estimons que l'Union européenne doit augmenter et améliorer l'assistance à l'environnement dans le monde en développement. C'est seulement si on crée les bases économiques et sociales nécessaires qu'on pourra avoir une gestion appropriée de l'environnement. Pour cela, l'Union européenne doit soutenir l'ouverture des marchés mondiaux aux pays moins développés (LDCs) et appuyer le transfert de technologies adaptées et des moyens financiers pour que les pays moins développés ne soient pas forcés de choisir entre les bénéfices économiques à cour terme et les considérations environnementales à long terme.

L'action des socialistes européens vise à la création d'un modèle de coopération et de gestion environnementale qui découvre de nouveaux champs de création d'emplois, réduise la décimation des ressources naturelles et développe des systèmes de production et de consommations soutenables.

Une Europe forte, solidaire, qui parie sur l'approfondissement de la démocratie, doit combattre le racisme et la xénophobie. La violence et les attaques racistes qui se produisent dans nos sociétés sont la manifestation la plus extrême d'un problème profond. Ces phénomènes se déclenchent en partie en raison du chômage des jeunes, des récessions cycliques et de la perte d'espérance vitale. Tout cela est lamentablement exploité par les politiques antidémocratiques de l'extrême droite.

L'unique façon d'avancer est la construction d'une Europe prospère, basée sur la solidarité, dans laquelle tout être humain est traité avec respect en ce qui concerne ses droits, et dans laquelle les citoyens n'appartenant pas à l'Union européenne ont des possibilités d'intégration sociale grâce aux opportunités de formation et d'emploi, ainsi que de participation à la vie politique.

Enfin, et ce n'est pas le moins important, les socialistes européens s'efforcent de progresser vers une société paritaire. La représentation des femmes à tous les niveaux de participation et de prise de décision doit augmenter sensiblement. Dans le cadre politique, l'engagement socialiste est la promotion des femmes dans toutes les institutions de l'Union européenne et, pour ce qui concerne les instances socialistes, l'obtention d'une présence équilibrée d'hommes et de femmes dans les organes et les activités du PSE. Dans le cadre économique et social, ce compromis est centré sur le dépassement des discriminations, la correction de l'inégalité salariale de fait et la réponse au problème posé par le fait que le chômage affecte plus les femmes et que celles-ci souffrent plus des conséquences des inégalités sociales et territoriales.

 

EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE

La chute du Mur de Berlin et l'effondrement du système communiste ont signalé la fin d'une époque dans l'histoire de l'Europe et du monde. Les efforts d'affirmer la justice sans la liberté et la démocratie ont été révélés comme une illusion tragique.

La démocratie et la justice sont des valeurs inséparables et c'est précisement les événements des années passées qui nous ont montré la pertinence et la validité des valeurs et idées du socialisme démocratique.

Willy Brandt a vu, dans l'affirmation de la démocratie sociale en Europe de l'Est, le couronnement de l'Östpolitik auquel il a dédié sa carrière politique et sa vie même. Les événements de ces années ont été le preuve du courage et de la lucidité de Willy Brandt.

Nous réaffirmons aujourd'hui que ce que l'Europe deviendra dans les années prochaines dépendra en grande partie sur ce qui arrive dans cette région énorme qui s'étend des plaines polonaises jusqu'à la Sibérie, des Balkans jusqu'au Caucase.

1. La guerre qui déchira l'ancienne Yougoslavie a retenu notre attention tout au long de son déroulement et nos pensées en tout premier lieu sont avec les femmes, les enfants et les hommes de Bosnie-Herzégovine, Sarajevo, Srebrenica, Bihac, Goradze, Breko, Tuzla et de tous les villages et villes touchés par les atrocités des bombardements et de la purification ethnique.

Nous avons toujours pensé qu'il serait impossible d'arriver à une solution tant que les armes, la violence et le pouvoir arbitraire feraient la loi. La paix est seulement possible au travers de négociations. C'est pourquoi tous nos efforts se sont concentrés sur l'arrêt de la guerre, le lancement d'un dialogue entre les combattants et la mise en place d'un accord négocié.

C'est également la raison pour laquelle nous avons accueilli avec satisfaction la nouvelle de la signature des Accords de Dayton, qui permirent aux opposants d'arrêter les hostilités, de mettre fin aux souffrances des populations civiles et de démarrer un processus de paix dont l'objectif est la co-existence pacifique, sur le même territoire, de communautés ethniques distinctes. La réussite des élections à Mostar et le début des activités du conseil municipal furent très encourageants dans l'optique des élections en Bosnie en général.

Il est évident qu'il reste beaucoup de chemin à faire avant d'arriver définitivement à la paix et on rencontrera sans aucun doute des difficultés. Tout d'abord, il faudra prendre de nouvelles mesures pour permettre aux réfugiés de rentrer chez eux, pour autoriser la libre circulation de chacun dans le territoire de Bosnie-Herzégovine et pour appliquer pleinement les Accords de Dayton, sous le mandat desquels agissent les soldats de la Force multinationale de paix de l'OTAN (IFOR).
L'IS demande à la communauté internationale de reconfirmer la mission internationale de paix de l'IFOR en Bosnie-Herzégovine, pour contribuer à la stabilisation du processus de paix et pour soutenir l'intégration des differentes communautés ethniques.

L'une des conditions principales nécessaires pour atteindre ces objectifs est la nécessité de remettre aux mains de la justice ceux qui sont responsables des massacres et des crimes perpétrés en Bosnie. Nous soutenons entièrement le travail du Tribunal International des Crimes de Guerre pour l'ancienne Yougoslavie, présidé par le Professeur Antonio Cassese.

L'IS porte une grande estime pour le travail effectué en Bosnie-Herzégovine par les ONGs et les agences humanitaires et fait appel à la communauté internationale, l'Union européenne, la Banque Mondiale et le Haut Commissaire pour les Réfugiés, ainsi que les autres agences des Nations unies, afin qu'ils redoublent leurs efforts pour une reconstruction complète de la Bosnie-Herzégovine.

Personne ne devrait perdre de vue le grand objectif politique: la reconstruction, sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine et dans tous les pays de la région, d'une société démocratique pluri-ethnique, pluri-culturelle et pluri-religieuse.

C'est pour cela que nous pensons que les élections de septembre sont d'une importance extraordinaire et nous demandons à tous les partis membres de l'Internationale Socialiste d'apporter leur aide sous toutes les formes possibles aux partis d'inspiration sociale-démocrate qui luttent pour obtenir une société pluri-ethnique: le Parti Social-Démocrate (SDP), et l'Union des Social-Démocrates Bosniaques (UBSD).

Il faut que des mesures supplémentaires et décisives soient prises pour établir une paix équitable et durable qui garantit les droits de toutes les parties de cette région et de tous ses groupes ethniques et religieux. Les élections en Serbie et au Monténégro doivent également permettre d'affirmer des principes et règles entièrement démocratiques dans ces deux pays.

L'IS réaffirme sa position en faveur de l'autonomie pour la population de Kosovo, Sandjak et Vojvodina à l'intérieur de l'actuel cadre territorial et juridique de la Fédération Yougoslave, et espère qu'un accord final de bon voisinage et de co-opération puisse être conclu entre la Grèce et l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine.

Concernant les élections en Albanie voisine, l'IS désapprouve la manière dont la votation s'est effectuée en mai 1996, et la grave crise politique et institutionelle provoquée par les élections. La seule manière de sortir de la crise actuelle serait à travers un "dialogue politique" entre le gouvernement et l'opposition, visant à achever un accord sur les pas politiques et électoraux nécessaires pour un retour à une loi constitutionnelle. De nouvelles élections génerales doivent être organisées aussitôt que possible dans le respect total des normes démocratiques internationales, avec des conditions et des garanties précises pour une légitimité démocratique.

2. Les changements démocratiques et économiques en Europe centrale et orientale sont d'une importance historique, et ont un effet considérable sur la stabilité de tout le continent. L'IS applaudit les accomplissements des citoyens de cette région dans la construction d'institutions démocratiques et dans la mise en oeuvre de la modernisation, la croissance économique et la stabilité politique. Le processus de transformation systématique a ouvert de nouvelles perspectives pour les sociaux-démocrates dans cette région de l'Europe.

 

La situation aujourd'hui est très différente de celle de 1989.

Durant une première phase, dans la période qui suivit immédiatement la chute du Mur de Berlin, beaucoup de gens pensaient dans cette région du monde qu'une économie de marché allait satisfaire rapidement le désir d'avantages sociaux et de prospérité que plusieurs décennies de communisme n'avait pas assouvi.

C'est pourquoi l'opinion publique était en faveur des forces du néo-libéralisme et de l'économie de marché.

Mais très vite cet espoir s'avéra n'être qu'une illusion. La transition vers une économie de marché a effectivement entraîné de forts taux de croissance de l'économie et une modernisation de la société, en particulier dans certains pays d'Europe orientale. Mais le passage à une économie de marché s'est produit sans règles appropriées, souvent de manière totalement libre, ce qui provoqua des inégalités sociales prononcées. De petits groupes de la population, appartenant dans certains cas aux classes dirigeantes de l'ancien régime, accumulèrent de vastes richesses alors que le plus grand nombre continuait de vivre dans des conditions sociales précaires et peu sûres.

C'est pourquoi une "seconde" phase apparut dans la transition, durant laquelle un nombre considérable de citoyens se tourna vers les forces politiques qui proposaient une relation plus équilibrée et équitable entre le marché et le besoin de solidarité sociale.

L'IS salue cet effort en faveur d'une économie de marché sociale en Europe centrale et orientale.

Cela explique pourquoi dans de nombreux pays de l'Europe centrale et orientale, des parties qui se déclaraient ouvertement comme social-démocrates remportent les élections depuis quelques années.

La grande majorité des citoyens de ces pays ne regrette certainement pas l'opression politique et la grisaille de la vie quotidienne qui étaient à l'ordre du jour sous les régimes communistes. Les résultats des élections démontrent plutôt qu'il existe un sentiment sous-jacent de protestation contre l'inégalité économique, l'arrivée d'une société de marché non régulée et enfin contre ceux qui nourrirent l'illusion comme quoi le marché aurait résolu toutes les contradictions inhérentes à la transition.

3. Les récentes élections en Russie représentèrent un important pas en avant vers la consolidation de la démocratie et l'avènement du pluralisme politique. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu'il continue d'y avoir d'énormes problèmes et difficultés de croissance.
La transition vers une économie de marché en Russie a continué d'être caractérisée par une insuffisance d'investissements étrangers et par des incertitudes et des confusions dans la politique générale. Mais on remarque des signes de reprise en termes de la productivité de l'économie. Néanmoins, cela continue de se produire dans un contexte d'incertitude généralisée caractérisé par l'absence de règles claires, par l'assaut des forces spéculatives, par la croissance de l'économie au noir et, surtout, par la multiplication des inégalités sociales extrêmes.

En Russie aujourd'hui, les risques sont importants. Alors qu'en Europe centrale l'opinion publique a été déçue par les inégalités provoquées par le marché et s'est rapprochée de la gauche, en Russie l'opinion court le risque de suivre ceux dont les programmes autoritaires sont incapables de transformer ces protestations généralisées en une dynamique démocratique à la fois réformatrice et modernisante. Il est évident que ce risque est inquiétant pour la démocratie russe et pour l'avenir de l'Europe et du monde.

Depuis la fin de la bipolarité du monde diplomatique, la Russie continue de jouer un rôle décisif dans le développement des politiques de coopération et de développement sur notre continent. L'Europe, et le monde, ont un intérêt fondamental à ce qu'en Russie et dans les autres Etats de la CEI la transition vers des institutions démocratiques, la consolidation de l'autorité de la loi et la stabilisation de l'économie de marché ne soient pas interrompues. Nous avons tous besoin de l'insertion totale de la Russie dans les institutions pan-européennes.

Cela nécessite des mesures plus décisives de la part de l'Union européenne, des institutions internationales et de chaque pays industrialisé afin de mobiliser de manière plus efficace les ressources humaines et l'esprit d'entreprise ainsi que les moyens financiers nécessaires pour soutenir la transformation économique de la Russie, de l'Ukraine et des autres Etats de la CEI.

Un aspect important de cet engagement est le soutien technologique et financier à la reconversion de la machine industrielle et militaire, ce qui favorisera le développement de la production civile tournée vers la reconstruction des infrastructures de base et vers la satisfaction de la demande interne. La crise Tchétchène a démontré la faiblesse des institutions démocratiques russes, a conduit à des violations très répandues des droits de l'homme et prouve qu'une solution militaire ne peut résoudre cette crise. En outre, les conflits dans d'autres régions du Caucase indiquent l'étendue des risques d'instabilité et de mouvement vers des régimes autoritaires.

Nous appuyons la fin de l'action militaire dans la République de Tchétchénie. Nous nous réjouissons des initiatives récentes pour la paix et nous croyons qu'il faut les développer davantage pour achever une paix durable dans la région méridionale de la Fédération Russe.

A l'heure actuelle, la croissance des forces progressistes et démocratiques qui peuvent offrir des propositions et des programmes de nature démocratique est d'une importance primordiale. La démocratie sociale est donc une forte nécessité en Russie.

Les forces au sein de l'Internationale Socialiste doivent donc s'engager à soutenir les groupes progressistes et doivent favoriser leur fusion car seul un nouveau groupe de leaders véritablement démocratiques et progressistes peut assurer l'établissement d'une démocratie politique et économique en Russie.

4. Nous ne pouvons pas oublier qu'un élément majeur de la stabilité démocratique dans tous les territoires d'Europe centrale est l'évolution positive des réformes économiques. A ce niveau, le principal défi aujourd'hui est de mettre en place une structure de règles claires et transparentes comme alternative à un marché totalement libre et laissez-faire, et qui évite que les économies ne deviennent dominées par de nouvelles nomenklaturas, et qui pourront contrer les tentatives des spéculateurs et des organisations criminelles d'influencer le pouvoir étatique pour leurs propres fins.

Le "marché" lui-même ne peut pas résoudre les problèmes et conflits. Au contraire, il faut développer une "économie de marché sociale", dans laquelle le développement économique et un marché véritablement concurrentiel peuvent être établis tout en garantissant des conditions de vie équitables, sûres et respectables pour tous. Il n'est pas question de revenir à des formes d'étatisme qui ont aujourd'hui été totalement rejetées par l'opinion publique dans ces pays. L'idée est plutôt de combiner la modernité et la solidarité, l'efficacité et la justice. Cela est fondamental pour garantir l'avènement d'une démocratie complète et fortement ancrée.

Afin d'atteindre ces objectifs, l'aide internationale est nécessaire, non seulement pour suppléer les ressources de l'état mais également pour stimuler le courant d'investissements privés, tout comme la dette étrangère de chaque pays doit être renégociée en prenant en compte les besoins spécifiques de chaque pays.

5. La tragédie yougoslave démontre que la chute du Mur de Berlin et la fin de la bipolarité du pouvoir n'ont pas, à elles seules, réussi à résoudre les problèmes de la sécurité et du respect démocratique des droits de la personne humaine.

La fin de la bipolarisation du pouvoir a entraîné une tension non résolue entre l'interdépendance et le nationalisme, entre les forces qui ont tendance à s'unir et celles qui poussent à la désintégration comme celle à laquelle nous avons assisté durant la guerre au cur de l'Europe. En outre, nous assistons non pas tant à la disparition de l'ancien ordre mais à un processus plus complexe de "décomposition" et de "recomposition", dont chaque facette doit trouver une résolution démocratique.

Nous voulons encourager l'Union européenne à adopter une stratégie d'intégration en lançant dans un délai de six mois à compter de la fin de la Conférence Intergouvernementale des négociations pour l'élargissement de l'Union en accordant le statut "d'association" à de nouveaux pays et en établissant de nouveaux "liens coopératifs" bilatéraux entre l'UE et les pays d'Europe centrale et orientale tout en intensifiant les projets spécifiques de l'UE destinés à ces pays.

L'Internationale Socialiste soutient tous les efforts d'intégration politique et militaire qui favorisent les mesures de coopération et de sécurité dans cette région du monde: le renforcement de l'Organisation pour la Securité et la Coopération en Europe (OSCE), et de son mécanisme de prévention des conflits; une participation plus généralisée des pays d'Europe centrale et orientale à l'Union européenne occidentale (WEU), et à la Politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne; au 'Partnership for Peace' de l'OTAN dans de nombreux pays de cette zone et aux perspectives d'inclusion de certains de ces pays dans l'Alliance.

Les perspectives d'élargissement de l'Alliance Atlantique aux pays d'Europe centrale et orientale doivent être définies au niveau de trois objectifs: le maintien de la capacité de prise de décisions de l'OTAN et du haut niveau d'efficacité de ses actions; l'apport d'une réponse positive à la demande d'intégration et de sécurité qui émane de tous pays d'Europe centrale et orientale à travers le renfocement du 'Partnership for Peace', à travers leur intégration aux structures de sécurité Euro-Atlantiques et à travers une adhésion à part entière à l'Alliance; et troisièmement, la participation complète de la Russie à la stratégie de sécurité de la région, ce qui évitera d'une part la réapparition de formes clandestines de bipolarité - une nouvelle zone grise d'insécurité et d'instabilité, et d'autre part l'émergence à Moscou de soupçons et de sentiments préjudiciables envers le rôle de l'OTAN et son élargissement.

6. Face aux revendications d'indépendance qui ont progressivement émergé en Europe orientale, le problème pour les sociaux-démocrates n'est pas simplement d'exprimer son accord ou son désaccord. D'un côté, nous ne pouvons pas nous détourner du fait que les territoires et frontières des Etats d'Europe centrale et orientale aujourd'hui sont le résultat de deux guerres mondiales successives et qu'ils ne correspondent pas nécessairement aux identités nationales, ethniques ou religieuses. Mais parallèlement, nous ne pouvons pas accepter la position selon laquelle l'identité de chaque état devrait être fondée sur l'homogénéité ethnique ou religieuse. L'avenir sera caractérisé partout par la pluri-ethnicité et la pluri-culturalité.

C'est là que se situe la tâche de la social-démocratie: définir les principes et méthodes pour la naissance et la reconnaissance des nouveaux Etats. En particulier, trois conditions préalables semblent avoir une importance primordiale:

- la reconnaissance totale dans chaque Etat des droits de la personne humaine et des droits politiques de chacun et pour chaque groupe ethnique, culturel et religieux;

- l'inviolabilité des frontières, comme indiqué dans la charte de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), qui déclare que les modifications des frontières peuvent uniquement se produire à l'issue d'un accord consensuel entre les Etats concernés;

- la reconnaissance du fait que dans les sociétés modernes deux dimensions coincident de moins en moins: celle du marché, de plus en plus supranationale et transnationale et qui exige des entités politiques et des institutions de dimension analogue, et la dimension nationale. Cela signifie que la naissance éventuelle de nouveaux Etats devra prendre en compte leur volonté à faire partie d'institutions supranationales.

Nous pensons donc que le problème majeur est de fournir à ces processus une issue démocratique, de les conserver soigneusement au sein du processus de l'intégration européenne afin d'éviter les erreurs commises par la communauté internationale et qui jouèrent un rôle négatif dans le drame yougoslave.

Il est également nécessaire de développer une stratégie européenne sur l'immigration qui puisse confronter les problèmes en rapport avec la croissance démographique et le développement dans cette région et qui puisse réguler et rationaliser l'influx d'immigrants en prenant en compte le fait que la formation de sociétés pluri-ethniques en Europe aujourd'hui est un processus irréversible.

Maintenant que la confrontation idéologique entre systèmes antithétiques a disparu, les véritables dangers pour la paix et la sécurité viennent de l'émergence de conflits ethnico-nationaux et de contrastes économiques marqués. Et nous ne devons pas ignorer les dangers inhérents à l'établissement dans certains pays d'un gouvernement religieux fondamentaliste.

On peut éviter les conflits ethniques et religieux principalement en affirmant, en défendant et en développant les droits des personnes qui appartiennent aux minorités et l'acceptation totale de la pluri-ethnicité. L'Internationale Socialiste réaffirme son engagement à lutter contre tous les mouvements et partis ultra-nationalistes, racistes, xénophobes et antisémitiques.

7. La création du comité de l'IS pour l'Europe Centrale et Orientale (SICEE), à la réunion du Conseil de l'Internationale Socialiste à Athènes en février 1993, suite au Congrès de Berlin en 1992, souligna non seulement les extraordinaires changements historiques apparus en 1989 mais également les énormes opportunités qui se firent jour pour l'Internationale Socialiste pour renforcer tous les mouvements et partis qui s'appuyaient sur des principes sociaux-démocratiques à la différence des politiques néo-libérales et afin de jouer un rôle déterminant pour guider la transition démocratique qui continue de se produire selon des principes réformistes et progressistes.

Depuis sa création, le SICEE a mis en place des liens coopératifs croissants avec un nombre grandissant de partis en Europe centrale et orientale, ce qui favorisa la croissance de la présence de l'Internationale Socialiste dans cette région du monde et soutint le renforcement des partis sociaux-démocrates.

A chaque réunion, le nombre de partis a augmenté. Cinquante partis participent maintenant aux réunions du SICEE, trente d'entre eux étant d'Europe centrale et orientale. Nous croyons que cela souligne la présence croissante de l'Internationale Socialiste dans toute cette région. Au Congrès de New York, beaucoup de partis d'Europe centrale et orientale se sont joints à notre Internationale.

Le SICEE a collaboré de près avec le Forum Européen pour la Solidarité et la Démocratie qui a oeuvré avec succès à soutenir le développement de partis politiques démocratiques en Europe centrale et orientale, à travers des séminaires sur l'éducation politique, la communication, et la formation pour les campagnes électorales.

Le Congrès a ouvert une seconde phase tendant à l'élargissement de la présence de l'Internationale Socialiste en Russie, dans la CEI et dans la région du Caucase et de l'Eurasie.

Le visage de l'Europe de demain dépendra en grande partie de l'évolution des processus de transition en Europe centrale et orientale. L'avènement de la démocratie, du progrès et de la solidarité dans ces pays dépendra en grande partie de nous, de notre capacité d'étendre et de renforcer les valeurs et les idéaux du socialisme démocratique, les joignant ainsi aux espoirs de millions d'hommes et de femmes.

 

LA MEDITERRANEE

Considérant que la Méditerranée est historiquement l'une des régions de notre monde dans laquelle de nombreuses cultures, langues, religions et traditions ont coexisté historiquement, à différents degrés de tolérance et de confrontation; que c'est une région au potentiel important et en même temps le foyer de graves conflits, à laquelle nous devons, dans notre analyse, accorder une place au poids de l'histoire et des traditions, mais sans pour cela porter atteinte à notre engagement à construire une région où régnera la paix, la coopération et la compréhension mutuelle;

Reconnaissant que la conférence euro-méditerranéenne de Barcelone représente un progrès important pour les aspirations des secteurs progressistes de la région et a suscité des espoirs légitimes que les inégalités et les injustices peuvent être corrigées par des mécanismes de coopération décidés librement par les différents pays qui ont assisté à cette réunion historique;

Constatant que nous trouvons reflété dans les résolutions de la conférence euro-méditerranéenne un grand nombre des éléments de la pensée socialiste tels que, par exemple, la limitation des armements et le désarmement, capables de transformer les bases de la coopération régionale, pour améliorer la paix, la sécurité sociale, le respect des droits de la personne, la liberté, la démocratie et l'éducation; et que ce projet commun jouit du soutien des socialistes et des sociaux-démocrates, qui consacrent énergie et dévouement à la pleine mise en oeuvre des accords;

Conscient du fait que la région méditerranéenne est placée devant un carrefour historique, où il reste des inégalités et écarts profonds de nature économique, sociale, politique, culturelle et religieuse, associés à un nouvel esprit positif dont la Conférence euro-méditerranéenne de Barcelone a constitué une occasion et un symbole; que la conférence a représenté une opportunité exceptionnelle pour les participants de s'engager dans une nouvelle phase de coopération entre les rives nord et sud de la Méditerranée;

Soulignant l'importance du contenu de la Déclaration de Barcelone, à cause du caractère pluridimensionnel du partenariat, qui est établi autour des trois axes: politique, économique et social, et représente un point de référence de base pour la coopération dans la région; qu'elle signifie un réel changement, surtout en termes des relations entre les pays membres de l'UE de la rive nord et les pays des rives est et sud de la Méditerranée;

L'IS considère que cette nouvelle phase de la coopération méditerranéenne est non seulement possible mais nécessaire et doit reposer sur le dialogue et la confiance mutuelle. Ce défi est un défi politique, une question de la volonté politique d'éviter le fatalisme ou la contemplation passive des déséquilibres existants, accompagnée d'un effort déterminé pour surmonter les inégalités. Conscient des difficultés qui doivent être surmontées, nous sommes en faveur de l'introduction d'un ordre du jour social-démocrate pour la région, reposant sur une économie de marché capable d'engendrer un développement équilibré et de corriger les inégalités.

L'Europe a une grande responsabilité pour l'évolution positive ou négative de cette phase nouvelle de coopération, concernant plus de 30 pays et 800 millions de personnes. Elle doit avoir une vision politique appropriée à cette ère nouvelle, une époque nouvelle de changement avec ses particularités et ses risques de tendances à la polarisation; la mise en oeuvre de politiques ultra-libérales contribuant à des inégalités encore plus grandes ou des tendances à la domination de l'Etat et au centralisme suscité par la peur de quelque ennemi de l'extérieur. Afin de lutter contre de telles tendances, il nous faut développer le concept de subsidiarité et avancer dans la direction d'une intégration sous-régionale et en faisant nos partenaires des autorités locales et de la société civile.

La fin de la confrontation est-ouest a mené à des changements profonds dans le champ très complexe de la sécurité méditerranéenne. Il existe un nombre plus que suffisant d'éléments conduisant à envisager un avenir incertain, si l'injustice structurale, qui affecte la rive sud et fait aussi obstacle à une relation équilibrée avec le nord, persiste. La sécurité demande de la stabilité et la stabilité demande à son tour un équilibre. L'Europe peut et doit contribuer à cet équilibre et doit, dans son propre intérêt, assurer qu'il s'agisse d'un équilibre harmonieux. L'Union européenne doit faire clairement comprendre à ses partenaires méditerranéens que les frontières de ses Etats membres sont ses frontières extérieures et qu'elle n'accepte pas que celles-ci soient mises en question.

L'insécurité naît de l'instabilité et celle-ci est toujours causée par des facteurs socio-politiques et économiques. Nous devons donc faire plus attention de ne pas confondre les facteurs de risque avec une réelle menace militaire: il vaut mieux essayer de résoudre les premiers par de l'argent que par des armes. Il est essentiel que l'opinion publique européenne ne commette par l'erreur de penser que "l'ennemi" de l'est ayant disparu, il nous faut en inventer un au sud pour justifier notre continuation d'un système de sécurité.

Le phénomène des mouvements religieux radicaux représente une cause légitime d'inquiétude, mais il est naïf de penser qu'une politique de répression peut mettre fin à l'intégrisme. La stratégie consistant à isoler ceux qui épousent la violence et à dialoguer avec toutes les forces politiques démocratiques constitue un point de départ solide, mais il n'y aura de stabilité dans les sociétés affectées directement par l'intégrisme que si une société civile solide se développe, ce qui à son tour ne sera rendu possible que par la tolérance, le respect des droits de la personne et notamment une réelle émancipation des femmes.

Nous sommes inquiets du fait que les programmes de développement économique stipulés par la Déclaration ne se sont pas encore développés comme prévu. Les accords conclus par les pays méditerranéens et l'Union européenne doivent être respectés. Le déblocage des fonds destinés aux programmes d'Assistance au développement de la Méditerranée (MEDA) est essentiel. De même, il nous faut être sensible aux facteurs qui freinent le processus, surtout le chapitre concernant le plein respect des droits de la personne, en créant les mécanismes nécessaires pour que de tels facteurs n'affectent pas l'exécution de ces programmes.

Il faut consolider et promouvoir le troisième 'pilier', qui fait référence au partenariat social et humain. La mobilité et les échanges entre les citoyens des pays du pourtour de la Méditerranée, en tant qu'apprentissage du pluri-culturalisme constituent un tremplin essentiel à la réelle coopération pluridimensionnelle qui favorisera des valeurs communes, le respect et la compréhension des différences et mettra fin à la peur produite par l'ignorance et le manque de contacts. C'est ce qu'il faut pour garantir l'équilibre et l'intégration entre les partenariats économique, politique et social.

Nous considérons indispensable d'offrir de nouvelles opportunités à nos citoyens, surtout aux jeunes qui, concentrés surtout dans le sud, représentent 60 pour cent de la population de la région, en leur garantissant un accès à l'éducation et à la formation professionnelle pour qu'ils puissent participer pleinement à la société. L'IS considère aussi indispensable d'offrir l'égalité des chances, une condition indispensable pour lutter contre la pauvreté et l'inégalité sociale et empêcher l'intégrisme de se propager. C'est seulement en consolidant la cohésion sociale que nous réussirons à créer un contexte plus juste et plus égalitaire.

L'IS exprime son inquiétude devant les effets sur la société et l'hygiène publique du trafic de la drogue et de la consommation importante qu'en font les jeunes, ce qui affecte leur avenir. Dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, nous appelons l'Union européenne à faire de la lutte contre la drogue l'une de ses priorités, en collaborant avec les pays du littoral méridional et en fournissant l'aide technique et financière nécessaire pour lui substituer d'autres cultures.

L'IS exprime aussi son inquiétude devant la situation de violence et de terreur qui s'aggrave en Algérie et manifeste sa solidarité au peuple algérien, qui a le droit à une vie de paix et de démocratie et à un développement économique et social réel. Elle considère qu'un progrès vers la paix est possible s'il existe une réelle volonté politique. L'ouverture d'un véritable dialogue constitue une nécessité urgente pour enclencher un processus de paix indispensable pour l'organisation d'élections crédibles d'une assemblée et pour la relance de l'économie.

Nous exprimons notre plein soutien aux partis membres du Maghreb dans toutes les initiatives visant à relancer la construction politique, économique et sociale d'un Maghreb démocratique.

Nous nous trouvons devant la nécessité historique d'accomplir un progrès vers la consolidation de nouveaux rapports entre les pays méditerranéens, dans le but principal de rectifier les inégalités qui nous ont séparés, pour que nous puissions léguer une région plus équilibrée aux générations présentes et futures. Nous devons mettre la Méditerranée sur la carte de l'Internationale Socialiste de manière très visible, en en faisant une priorité, et avancer vers une activité renouvelée, capable d'engendrer de nouvelles propositions de politique.

Le rôle que doit jouer le Parlement européen et les parlements de la Méditerranée, à la suite de la conférence de Barcelone, est très important. Dans ce contexte, l'IS accorde son soutien pour la proposition du Parlement européen datée du 13 octobre 1995, recommandant la création d'un forum parlementaire de la région méditerranéenne, composé de délégations parlementaires des parlements des pays méditerranéens et du Parlement européen.

L'IS appuie l'accession de Chypre à l'UE et exprime son inquiétude devant le manque de progrès et la division continue de l'île et appelle à la réalisation des résolutions de l'ONU qui demandent le retrait des troupes et des éléments étrangers, le respect pour l'indépendance. la souveraineté et l'intégrité du territoire de Chypre et la sauvegarde des libertés fondamentales de son peuple.

L'IS appelle les Nations unies à continuer ses efforts pour parvenir à un accord fondé sur la justice et le respect de la loi internationale et appelle le gouvernement cypriote et la communauté turque de Chypre à faire preuve de bonne volonté.

 

 

LE MOYEN-ORIENT

 

L'Internationale Socialiste défend la coexistence paisible de tous les peuples au Moyen-Orient. Cela exige le respect des principes suivants :

- Le respect des droits de la personne humaine

- Le droit des peuples à l'auto-détermination, conformément à la Charte de l'ONU

- La volonté de résoudre les conflits de manière pacifique

- L'engagement au pluralisme dans les domaines de la politique, des ethnies et des religions.

L'Internationale Socialiste exprime son inquiétude quant à la violation des droits de la personne humaine et quant à l'intolérance politique, ethnique et religieuse qui existent dans de nombreux pays au Moyen-Orient.
C'est seulement si les gouvernements de tous les Etats de cette région respectent et mettent activement en pratique les Résolutions des Nations unies et les traités internationaux que les conflits et crises pourront être réduits.

La lutte contre le terrorisme n'est pas crédible et ne peut pas réussir s'il n'existe pas de respect pour le pluralisme et la démocratie, la liberté de pensée et des droits de la personne humaine. On ne peut pas répondre à la violence par la violence contre des innocents.

L'IS souligne le besoin d'une nouvelle structure pour l'établissement de relations plus solides entre tous les pays du Moyen-Orient et leurs voisins en Europe. La Déclaration de Barcelone, signée par l'Union Européenne et ses voisins méditerranéens est le point de départ d'une telle structure.

En particulier, au sein de cette structure, les relations économiques et les échanges internationaux entre les pays du Moyen-Orient doivent augmenter.

Une possibilité de structure pouvant fournir une meilleure sécurité commune au Moyen-Orient pourrait être une Conférence Permanente sur la Sécurité et la Coopération au Moyen-Orient dans le genre de l'OSCE.

 

I Le processus de paix au Moyen-Orient

Des événements très importants se sont déroulés au Moyen-Orient depuis le XIXe Congrès de l'IS à Berlin. La reconnaissance mutuelle du gouvernement israélien et de l'Organisation de Libération de la Palestine, la signature de la Déclaration de Principes en septembre 1993, l'accord intérimaire sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza qui suivit, en septembre 1995, le traité de paix entre la Jordanie et l'Israel ainsi que le processus de coopération économique régionale initié aux Conférences de Casablanca et d'Amman ont transformé la réalité de cette région et ont fait de la paix mondiale un objectif réalisable pour notre génération. Ces progrès considérables et historiques sont le résultat de la politique des gouvernements israéliens des premiers ministres Yitzhak Rabin et Shimon Peres et de nos partis membres, le parti travailliste israélien et MAPAM. Cela est également le résultat des courageuses décisions de l'OLP et de son président, Yasser Arafat, ainsi que du travail de nombreux membres de la communauté internationale.

Le Congrès est heureux de l'admission du mouvement Fatah au titre d'observateur à l'Internationale Socialiste. Cette décision inaugure un nouveau chapitre dans les relations entre l'IS et le peuple palestinien.

Depuis les élections en Israël en mai 1996, le processus de paix a traversé une période difficile. L'IS réaffirme la solidité de son soutien aux accords signés entre le gouvernement israélien et l'OLP et à une paix durable au Moyen-Orient.

En ce qui concerne la question Israël-Palestine, le plus important est d'honorer les accords signés par les parties, satisfaire à toutes les obligations de l'étape intérimaire, y compris l'élimination de la fermeture des territoires palestiniens et le redéploiement depuis Hébron. Les négociations sur le stade permanent du processus de paix doivent reprendre.

L'IS réaffirme son opposition face à la poursuite des activités de peuplement dans les territoires palestiniens.

L'IS réaffirme le droit du peuple palestinien à l'auto-détermination et à l'indépendance ainsi que la nécessité de trouver des solutions aux questions complexes et difficiles du peuplement, de Jérusalem et des réfugiés.

L'IS, consciente de la gravité de la situation économique dans le territoire palestinien et de son impact négatif sur la scène politique palestinienne, demande à la communauté internationale et aux pays donateurs de respecter leurs promesses et de faire face à leur responsabilité. L'IS préconise à ses partis membres au gouvernement comme dans l'opposition de souligner la nécessité d'une assistance économique urgente et accrue aux territoires palestiniens. Dans ce contexte, l'IS acclame le pacte d'association signé au Sommet Euro-Méditerranéen de Barcelone en 1995 comme étant une importante ouverture vers la prospérité et la coopération entre tous les peuples de la région.

Il est extrêmement important que les négociations reprennent entre Israël d'une part et la Syrie et le Liban d'autre part. Ces négociations devraient être basées sur le principe de territoires contre paix et sur les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de Sécurité, qui doivent déboucher sur des accords de paix.

On doit se pencher tout particulièrement sur la question du terrorisme, qui a non seulement coûté de nombreuses vies innocentes mais encore très mal servi la question de la paix. La terreur est soutenue par certaines forces politiques et Etats de cette région du monde. La terreur, c'est-à-dire la violence contre les civils, quelle que soit son origine, doit être combattue sans répit, dans le cadre d'un effort international concerté de tous les gouvernements.

 

II Les Kurdes

a) Les Kurdes ont de graves problèmes en Turquie

L'Internationale Socialiste:

soutient fermement toutes les exigences nationales et internationales pour un progrès rapide du processus de démocratisation en Turquie. Il faut, en particulier, introduire des réformes constitutionnelles de grande envergure et d'importantes améliorations dans la situation des droits de la personne humaine;

exige la libération de tous les prisonniers politiques, y compris les parlementaires DEP;

demande aux autorités turques d'engager un dialogue constructif avec les citoyens kurdes du pays et leurs représentants qui renoncent à la violence;

réaffirme sa conviction comme quoi une Turquie stable et démocratique est extrêmement importante pour le développement futur de cette région et de l'Europe, en pensant que plus la Turquie est démocratique, plus elle pourra faire partie des institutions démocratiques européennes;

soutient le Parti Républicain du Peuple de Turquie dans sa lutte pour assurer l'égalité des droits des membres de toutes les communautés ethniques, culturelles et religieuses, y compris les Kurdes.

b) Les Kurdes sont opprimés en Iran

L'Internationale Socialiste proteste contre la persécution continue de la population kurde en Iran et spécifiquement du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI). L'assassinat des leaders du PDKI, Ghassemlou en 1989 et Sharafkandi en 1992, se déroulèrent immédiatement après leur participation aux Congrès de l'IS. Leur présence aux assemblées de l'IS avait souligné la solidarité de l'IS avec la cause des Kurdes iraniens.

Depuis 1993, une purification ethnique systématique, des attaques d'artillerie et autres actions hostiles le long de la frontière irakienne ont forcé la population kurde à se réfugier au Kurdistan irakien. Mais même dans cette zone, les troupes et les avions iraniens ont réussi à réaliser des attaques, malgré l'existence de la zone d'exclusion des avions militaires, sensée avoir été mise en oeuvre par les pouvoirs qui participèrent à la Guerre du Golfe.

L'Internationale Socialiste proteste contre ces violations constantes des droits des Kurdes iraniens et de leurs représentants, le PDKI, par le régime iranien.

Nous soutenons des initiatives visant à améliorer la situation des droits de la personne humaine en Iran comme le Manifeste du 134, qui exige la levée de la censure en Iran, Ces initiatives visent à améliorer les conditions de vie dans ce pays.

c) Les Kurdes sont opprimés en Irak

L'IS recommande la continuation de la garantie internationale pour les Kurdes dans le nord de l'Irak car ils furent introduits par l'imposition et la surveillance de la zone de Sécurité au nord du 36e parallèle.

d) Les problèmes et l'oppression continus du peuple Kurde ne justifient pas le violent conflit entre les factions kurdes. Ces conflits servent de prétexte à la violence perpétrée contre eux.

L'IS en appelle à tous les leaders kurdes politiquement responsables pour coopérer de manière pacifique et pluraliste.

Les nouveaux conflits militaires dans la région habitée par les Kurdes montrent qu'un accord de paix durable au Moyen-Orient qui n'incorporerait pas dans le droit international les droits du peuple Kurde serait incomplet et représenterait uniquement une source de crises permanentes.

L'IS en appelle à tous les Etats impliqués à prendre part à la solution paisible des problèmes kurdes. L'IS condamne toutes les actions terroristes, qu'elles soient commises contre les Kurdes ou par des organisations Kurdes.

L'IS est profondément inquiète quant aux actions militaires dans le territoire occupé par les Kurdes au nord de l'Irak. L'IS soutient tous les efforts des Nations unies pour apporter une solution pacifique à ce conflit.

 

III. L'Iran et l'Irak

L'IS en appelle à tous les Etats du Moyen-Orient, surtout l'Iran et l'Irak, d'être des membres pacifiques de la communauté internationale, de mettre en oeuvre les résolutions des Nations unies, de prendre part au combat contre le terrorisme international et de respecter les droits de la personne humaine de tous leurs citoyens.

 

AMERIQUE LATINE ET LA CARAÏBE

Après une longue lutte contre les dictatures et le militarisme, la démocratie et les élections libres sont une réalité dans presque tous les pays de l'Amérique latine. L'Internationale Socialiste et les partis social-démocrates ont joué un rôle de premier plan dans cette conquête. Seuls, ou alliés à d'autres forces démocratiques de la région, nos partis ont été les protagonistes indiscutables pour l'obtention de la démocratie politique, le respect des droits de la personne humaine et la paix dans la région.

Pendant des décennies, les démocrates latino-américains ont lutté contre l'autoritarisme, les coups d'état militaires et le retard économique et social imposé par la prédominance de clans militaires et d'oligarchies locales. Les sociaux-démocrates de la région ont lutté pour surmonter ces conditions et susciter le développement et la justice sociale.

L'affirmation démocratique de la région fait maintenant face à une menace supplémentaire. De nouveaux facteurs de pouvoir commencent à disputer l'initiative aux institutions traditionnelles. Les moyens de communication, souvent entre les mains de groupes minoritaires, acquièrent une influence croissante sur la démocratie. Et l'opinion publique, travaillée par les informations abondantes, commence à percevoir une nouvelle dimension de la démocratie que les organisations partisanes n'ont pas pu assimiler. Devant l'insuffisance des structures politiques traditionnelles en réponse à l'impatience sociale, des réactions contraires aux partis politique ont commencé à apparaître. C'est un signal clair relatif à la nécessité d'implanter des réformes politiques pour entraîner des démocraties plus participatives. Les problèmes de la démocratie se résolvent avec plus de démocratie et le véritable socialisme est la démocratie réelle apportée dans tous les milieux de la societé.

Les programmes d'ajustement structurel sévères accentuent le désenchantement parmi la population. L'apparition de symptômes dangereux d'instabilité dans certains pays est une cause de soucis et pourrait avoir des effets négatifs sur le développement dans les autres pays de la région. La démocratie est la base fondamentale de notre stratégie. C'est pourquoi nous luttons pour sa consolidation dans toutes les parties. Notre position opposée à l'embargo économique de Cuba se fonde principalement sur l'opportunité de l'élimination des barrières pour rendre possible une transition pacifique vers une démocratie multipartite dans ce pays.

L'Amérique latine doit faire face au défi de la globalisation et à la naissance d'une nouvelle culture économique avec un inconvénient considérable dans la préparation du facteur humain. Cet inconvénient fait que le processus globalisateur permet la dénationalisation des entreprises dans beaucoup de pays de la région. Et de même, la lente récupération facilite la tâche des secteurs anti-démocratiques afin d'accentuer la perte de crédibilité des partis.

L'Internationale Socialiste partage la préoccupation des latino-américains relative à l'aggravation des problèmes sociaux, en tant que produit de l'insuffisance des systèmes économiques basés sur les produits primaires et sur l'imposition de conditions internationales injustes. Nous reconnaissons la nécessité de renforcer une stratégie basée sur le développement humain. Il n'est pas possible de maintenir la foi des peuples en la démocratie dans un contexte de faim et de misère. Une dette publique écrasante maintient l'économie de nombreux pays dans l'accablement. Cette dette, jointe à la pauvreté des grandes masses, est un symptôme clair du fait que sa base productive et le régime des prix internationaux restreignent le progrès économique et social des latino-américains.

Sans de meilleures conditions sociales le développement économique n'est pas possible, car il dépend, aujourd'hui plus que jamais, de l'éducation de la population. C'est pourquoi, les sociaux-démocrates latino-américains rejettent la stratégie monétariste et néo-libérale, dont la portée se limite au contrôle des variables macro-économiques, en maintenant la faiblesse de la production locale. De cette façon, on limite la souveraineté nationale, on affaiblit les économies locales, on perpétue l'ignorance, et la violence et les autres maux sociaux se propagent, alors que la dépendance externe augmente et que l'impossibilité de gouverner se consolide.

La réduction même de l'action de l'Etat et le démantèlement de l'Etat Bienfaiteur naissant de la majorité des pays de la région, apparaissent comme une contradiction grotesque avec la nécessité d'améliorer l'éducation des peuples, base de la nouvelle culture de l'information. Les programmes de réduction de la dépense publique ne doivent pas inclure l'éducation car c'est le ciment de la nouvelle forme de création de la richesse.

Les latino-américains, obligés de créer de meilleures conditions pour la concurrence internationale, ont reconnu la nécessité de rechercher des alliances régionales meilleures et plus fortes. Les processus d'ouverture commerciale entre les pays de la région avancent. Dans ce domaine, nous vérifions l'importance que prend le Mercosur, dont le dynamisme détermine la ligne de l'orientation des politiques commerciales. Nous aspirons à la création d'une véritable communauté de nations, pour que cette interdépendance transforme la coopération régionale en une autre forme afin d'obtenir le progrès et le développement.

La coopération régionale doit être complétée par des efforts permanents pour améliorer la technologie de la base productive régionale. La valeur des produits dépend de plus en plus de la quantité de connaissance technique incorporée dans leur production. L'avance technologique de la production régionale est vitale pour le développement de la démocratie et l'obtention de la justice sociale en Amérique latine, une tâche presque impossible par le biais des systèmes semi-féodaux de production, en vigueur dans de nombreuses parties de la région.

L'Internationale Socialiste, qui a lutté pour l'amélioration des relations Nord-Sud, considère comme sienne la lutte de longue date de nos camarades latino-américains pour une meilleure coopération économique et une distribution plus égale des excédents qui sont générés dans les économies plus développées. Pour cela il est nécessaire d'instaurer, avec décision, une réduction substantielle des dépenses militaires qui libère plus de ressources pour l'amélioration de l'enseignement.

La tendance vers la décentralisation apparaît comme une conséquence de la culture de l'information, qui a étendu ses effets également dans les zones les plus marginales de la région. Cela implique la recherche de plus d'action municipale et de plus de participation communale.

De même, nous croyons en l'opportunité de l'obtention d'une meilleure participation de la femme dans les processus politiques. Certains de nos partis ont avancé dans la lutte pour le renversement des vieux préjugés machistes qui retardent cette incorporation précieuse de la femme dans la vie politique et économique.

Comme sociaux-démocrates nous réitèrons notre position en faveur de la restauration des principes ethniques des forces démocratiques dans le combat pour la résolution des grands problèmes et des défis de la région; en particulier, la lutte contre les effets nocifs du narco-traffic dans tous ses effets sur les institutions, la sécurité et la santé publique.

Le développement durable atteint des dimensions importantes dans la région latino-américaine où se livrent des batailles importantes pour la défense du milieu naturel. La déforestation du Bassin Amazonien, la pêche excessive et la contamination de l'environnement sont une autre conséquence des politiques économiques basées sur le libéralisme économique, l'irresponsabilité sociale des entreprises particulières et l'appât du gain comme critère suprême de l'économie.

L'Internationale Socialiste se réjouit du progrès effectué dans les négociations de paix au Guatémala et de la reprise du processus démocratique à Haïti. Elle se réjouit aussi que les efforts des peuples d'Amérique Centrale ont resulté dans la mise en place - pour la plus longue durée de leur histoire - de gouvernements élus librement. Pendant l'accomplissement de cette tâche l'Internationale Socialiste a maintenu son soutien actif aux mouvements engagés dans la promotion de la démocratie et de la justice sociale en Amérique latine et la Caraïbe.

 

ELUS LOCAUX ET REGIONAUX

La moitié de la population mondiale vivra bientôt dans les villes. Pour les citoyens, la municipalité est à la fois le lieu où ils vivent et le lieu où ils sont confrontés aux problèmes les plus quotidiens. C'est également le lieu où le niveau de pouvoir est le plus proche d'eux et le plus aisément identifiable. La municipalité est le lieu par excellence où le contact entre les citoyens et les élus est le plus facile.

Partout dans le monde, les populations choisissent de faire confiance à des socialistes pour gérer les municipalités. Dans de nombreux pays, la force du mouvement socialiste repose essentiellement sur son implantation au niveau local. C'est une force, mais c'est surtout une grande responsabilité et il convient que les élus se montrent dignes de la confiance qui a été placée en eux.

Parce que la société évolue, le socialisme moderne doit s'appuyer sur une organisation plus simple et plus 'horizontale' et s'occuper des problèmes de la vie quotidienne au niveau de la ville. Profondément attachée à la liberté, à la paix, au progrès et au développement solidaire, l'Internationale Socialiste veut aborder le XXIe siècle en s'ouvrant aux problèmes qui concernent directement les citadins.

A cet égard, l'IS a organisé en Italie, à Bologne, les 28 et 29 janvier 1995, une grande conférence sur le thème du "Socialisme à visage urbain". Trois cents maires et d'autres délégués socialistes, provenant de 53 pays, ont débattu pendant deux jours pour finalement adopter une déclaration en 21 points la "Déclaration de Bologne". Ils ont aussi décidé de poursuivre la réflexion et de mener des actions concrètes en faveur de l'humanisation des villes, notamment en créant un Comité des élus locaux et régionaux de l'Internationale Socialiste, qui a été installé à Istanbul le 5 juin 1996, en marge de la Conférence HABITAT II des Nations unies.

La Déclaration de Bologne envisage la problématique de la ville dans le cadre général des bouleversements planétaires. L'économie globale, l'ère de l'information, la dissolution des blocs politiques et militaires, le renforcement des institutions internationales, le monde est en pleine mutation. Malheureusement, tout cela n'a pas forcément pour conséquence de créer de nouveaux équilibres économiques et sociaux plus justes, plus équitables entre les régions et entre leurs habitants. Au contraire, le fossé ne cesse de s'approfondir entre les nantis et les laissés pour compte.

Dans un même temps, les pouvoirs locaux et régionaux se renforcent en tant que configuration économique, espace d'identité collective et de participation politique. Mais les villes deviennent aussi la manifestation la plus visible des contradictions de nos sociétés: contradiction entre le développement et la protection de l'environnement, contradiction entre le gaspillage et la pauvreté, contradiction entre les libertés possibles et les exclusions réelles.

La ville offre la possibilité de construire une démocratie de proximité, de participation de tous les habitants à la gestion des affaires publiques et de renforcement de l'identité collective d'intégration. Cet aspect de la démocratie et de la citoyenneté a fait l'objet d'un rapport spécifique lors de la réunion du Comité à Istanbul.

L'Internationale Socialiste demande que partout dans le monde les autorités locales soient élues démocratiquement par les populations et non désignées par les gouvernements centraux.

Tous les hommes, toutes les femmes qui vivent dans les villes sont et doivent être égaux par rapport aux droits politiques et sociaux. L'affirmation de la citoyenneté, c'est l'égalité juridique indépendamment de l'origine nationale ou ethnique; c'est que tous les habitants et leurs familles aient le droit à participer à la vie politique locale; c'est que tous les habitants aient effectivement accès à tous les services essentiels offerts par la ville.

La ville est par excellence le lieu de l'innovation démocratique où les possibilités de relation directe électeur-élu sont multiples, où l'accès aux administrations publiques est le plus facile et où la consultation directe est aisément réalisable.

Bien entendu, il appartient aux Etats de garantir les politiques de cohésion sociale et de protection des droits et libertés de tous les citoyens. Mais les pouvoirs locaux doivent pouvoir disposer des compétences et des ressources financières nécessaires pour exercer des politiques concrètes au service des citoyens, telles que, par exemple, dans des domaines comme la santé, l'éducation, l'environnement, la sécurité, la lutte contre la pauvreté, le logement et les transports publics.

La solidarité est nécessaire entre villes riches et villes pauvres. Il est fondamental de concevoir et proposer des modèles de développement visant à une utilisation austère des ressources et un échange solidaire entre les villes riches et les villes plus pauvres.

C'est malheureusement évident que le chômage, la marginalité sociale et le travail au noir, entravent l'exercice de la citoyenneté. S'il appartient aux gouvernements nationaux et régionaux de promouvoir le développement économique, de jeter des ponts entre l'économie formelle et informelle et d'innover les possibilités d'emplois, les autorités locales peuvent utilement intervenir dans la création d'emplois en menant des politiques actives dans différents domaines. Quelques exemples: les services de quartier, l'écologie urbaine, le maintien des infrastructures et des équipements, les politiques de travaux publics.

Lors de la Conférence HABITAT II des Nations unies, L'IS s'est prononcée fermement en faveur du droit à un logement décent pour tous.

Cette problématique du logement est particulièrement typique, puisqu'elle est au carrefour des préoccupations des populations urbaines, telles que la santé, l'emploi et la composition des familles; elle concerne aussi directement les pouvoirs publics dans leurs politiques d'aménagement et de planification. Le logement joue par ailleurs un rôle déterminant dans la création d'un environnement de qualité, dans l'attractivité d'une ville et dans l'image de celle-ci.

L'Internationale Socialiste se félicite de la tenue à Istanbul de l'Assemblée mondiale des villes et des autorités locales ainsi que de la participation des élus locaux à la Conférence HABITAT II. Ces initiatives ouvrent la voie à de nouvelles pratiques au niveau international, reconnaissant la population des Villes et Pouvoirs Locaux dans le système des Nations unies et des autres organisations internationales.

L'Internationale Socialiste se propose de promouvoir la concertation entre les élus locaux et régionaux socialistes, ainsi que leurs fédérations, lors de manifestations internationales auxquelles ils participent.

Dans le droit fil de la Conférence de Bologne, l'Internationale Socialiste organisera périodiquement des grandes conférences des élus locaux et régionaux socialistes.

 

LES NATIONS UNIES ET NOTRE INTERNATIONALE

Ce Congrès se réunit à New York en reconnaissance du rôle crucial joué par les Nations unies dans le monde d'aujourd'hui. Il y a quatre ans, l'Internationale Socialiste a tenu son Congrès à Berlin qui, réunifiée depuis peu, constituait un symbole de liberté pour les peuples du monde entier. Aujourd'hui, les Nations unies ne sont pas seulement un symbole du désir de paix que ressent le monde entier, c'est aussi l'organisme principal pour promouvoir la coopération internationale à une époque où elle est la plus nécessaire. Notre Internationale est heureuse et reconnaissante d'avoir la possibilité de tenir son Congrès au siège des Nations unies et nous nous tenons prêts à continuer à soutenir et renforcer les Nations unies dans l'esprit d'un effort commun visant à realiser un monde meilleur pour tous.