Déclaration sur l'Economie mondiale

CONSEIL DE ROME - Pour une société mondiale plus équitable, 20-21 janvier 2003

 

Original : anglais

1. L’Internationale Socialiste exprime sa grave inquiétude face à l’état de l’économie mondiale au début de 2003.

2. L’Internationale Socialiste pousse tous les gouvernements à prendre leurs responsabilités vis-à-vis des développements internationaux et de la politique internationale, à éloigner les dangers et incertitudes et à réduire les risques qui pèsent sur l’économie mondiale.

- En 2002, l’économie mondiale a manifesté des caractéristiques communes dans une majorité de pays, à différents degrés : croissance lente de la production, inflation faible, emploi en stagnation, taux d’intérêt bas, détérioration de la balance fiscale, croissance faible et inégale dans le commerce international, réduction des flux de capitaux internationaux, prix inférieurs de nombreuses matières premières autres que le carburant et chute des cours des valeurs boursières.

- Fin 2002, quelques signes de stabilisation sont apparus et on s’attend à ce que la croissance économique mondiale s’améliore en 2003, mais la force, la généralisation et la viabilité de cette reprise restent incertaines. Les risques associés à l’intensification des tensions géopolitiques comme la possibilité de la hausse des prix du pétrole et la chute de l’optimisme des entreprises et des ménages sont les principales menaces qui pèsent sur la reprise économique mondiale à court terme. En outre, des points faibles tels que la surcapacité, l’hésitation des entreprises à investir et à créer des emplois, ainsi que des cours en bourse peu élevés pourraient continuer à exercer des pressions déflationnistes sur l’économie mondiale et prolonger la période de lenteur de la croissance mondiale. En outre, les importants déséquilibres externes entre pays, la fragilité du système financier international et du secteur commercial national de certains pays, ainsi que d’autres problèmes structurels, laissent présager d’importantes vulnérabilités de l’économie mondiale à moyen terme.

3. L’Internationale Socialiste s’inquiète tout particulièrement de l’impact de la crise iraquienne sur le développement économique.

- La crise a déjà provoqué une augmentation du prix du pétrole. Les pays dans le voisinage immédiat de la région du Moyen-Orient, comme la Turquie, ainsi que les pays importateurs de pétrole en général, commencent à ressentir des perturbations dans leur économie.

- Une guerre contre l’Iraq aurait des conséquences économiques incalculables dans le monde entier, particulièrement au Moyen-Orient.

- Mettre ses espoirs sur la guerre comme moyen de lancer une reprise économique constitue une violation des droits de la personne et tourne le dos aux bases mêmes de la moralité politique mondiale.

4. L’Internationale Socialiste voit également des opportunités d’action économique responsable au niveau mondial en 2003.

- Les pays économiquement puissants qui participent au sommet G8 à Evian doivent prendre leurs responsabilités internationales. L’ordre du jour de ce sommet - l’annulation de la dette des PMA à conditions que ceux-ci fassent la promotion de la démocratie et respectent l’alternance, la prévention des crises financières, la gouvernance des entreprises et la responsabilité sociale des entreprises, l’éducation, le développement durable, le Plan d’action pour l’Afrique, la coopération avec les pays en développement et la lutte contre le terrorisme - peut fournir des solutions capables de relancer l’économie mondiale en 2003.

- La politique poursuivie par le G8 déterminera si une réduction des écarts de revenus et de situations sociales va relancer la demande des consommateurs.

- L’augmentation de la production de pétrole par les pays de l’OPEC contribue à stabiliser le prix du pétrole. Cette politique doit se poursuivre, si besoin est, tout au long de l’année.

- Les efforts pour rédiger une loi internationale sur l’insolvabilité peuvent se conclure en 2003 et entraîner une augmentation des investissements dans les pays en développement.

5. L’Internationale Socialiste estime que la responsabilité du développement économique mondial est partagée entre toutes les parties du monde.

5.1 Les États-Unis et le Canada, l’Union européenne et le Japon (la Triade) ont des responsabilités particulières. L’état de leur économie affecte, également, les pays en développement.

- Pour atteindre la croissance à long terme nécessaire, les États-Unis et l’Union européenne doivent adopter une politique macroéconomique qui encourage l’investissement et une demande réelle.

- Au Japon, où le produit national a diminué en 2002, une stabilisation et une réforme structurelle du secteur bancaire, ainsi qu’une politique monétaire plus souple, sont nécessaires.

- Le déficit commercial actuel des États-Unis n'a pas contribué à stabiliser l’économie mondiale. Les variations soudaines des taux de change, potentiellement perturbatrices, actuellement en cours, attirent une fois de plus l’attention sur la nécessité d’une meilleure coordination des politiques macroéconomiques.

5,2 Le développement économique de l’Union européenne a une influence cruciale et positive sur la croissance économique dans les nouvelles démocraties ou dans les démocraties restaurées de l’Europe centrale et orientale, dont la plupart sont en train d’intégrer l’Union européenne.

5.3 La situation économique des régions hors de la Triade est très inégale. Dans l’Asie du Sud et de l’Est, on prévoit une croissance supérieure à 5% pour 2002 et 2003, la Chine devant atteindre 7%. En Amérique latine, le produit national a diminué de 1% environ en 2002, et pour 2003 on prévoit une croissance maximale de 2% environ. Pour la Russie, les prévisions sont de +4%, pour l’Asie occidentale de +3% et pour l’Afrique de +4%. Après un produit mondial de 1,7% en 2002, le chiffre avancé pour 2003 est de +2,75%. Ces différences régionales exigent des stratégies économiques régionales différentes.

5.4 L’Amérique latine doit réduire sa dépendance vis à vis des capitaux étrangers. Pour cela, il faut encourager les exportations. La politique commerciale adoptée par les États-Unis et l’Union européenne doit apporter une contribution à ce niveau. Un marché intégré en Amérique latine peut obtenir un succès rapide dans la stimulation de la croissance économique et dans la réduction des dépendances.

- Il existe également des différences au sein de l’Amérique latine elle-même : le Brésil, le Mexique et le Chili réalisent de bons progrès, alors que l’Argentine et le Venezuela souffrent de problèmes. Dans ces pays, on ne fait pas confiance au système politique. Pour surmonter la crise économique, il faudra une bonne gouvernance et renforcer la confiance politique qui l’accompagne.

5.5 L’Asie du Sud et de l’Est doivent continuer leur remarquable croissance économique.

5.6 Le développement économique en Inde et dans les pays voisins, ainsi qu’en Indonésie, est touché par les conflits entre les Etats et au sein de ceux-ci. La lutte contre la violence est l’une des conditions du développement économique durable.

5.7 L’Afrique est fortement influencée par les tendances et difficultés économiques mondiales. Les investissements étrangers directs, l’aide officielle en faveur du développement, l’allégement de la dette et l’accès au marchés, sont influencés par les politiques économiques des pays hautement industrialisés. En Afrique, il est également très clair que la gouvernance démocratique, la stabilité des institutions politiques et la lutte et la gestion des conflits, favorisent le développement économique national, alors que sans elles l’économie souffre énormément

5.8 La terreur politique en Indonésie a eu un impact négatif sur le développement économique. Ceci montre très clairement que la lutte contre le terrorisme est une tâche commune à tous les pays et non pas seulement celle des États-Unis ou de l’Europe. Les Etats musulmans, en particulier, sont parfois touchés plus directement par ses retombées économiques.